3.1.09

Rikyel e le rouge


Ce jeudi s'ouvre une rétrospective sur la célèbre créatrice à la chevelure rousse, tandis que la maison Rykiel fête ses 40 ans. L'expo accueillera les passionné(e)s de mode jusqu'au 19 avril 2009.
Pulls rayés et inscriptions en strass nous l'ont fait connaître, mais Sonia Rykiel, créatrice à la célèbre chevelure rousse et à la silhouette noire n'est pas seulement la "reine de la maille": une exposition aux Arts Décoratifs s'attache à démontrer qu'elle a inauguré la mode contemporaine.
C'est elle qui, la première, "destructure le vêtement, enlève les doublures, les épaules, tout ce qui construit la garde-robe des années 50", souligne Olivier Saillard, commissaire de "Sonia Rykiel, exhibition", une rétrospective organisée jusqu'au 19 avril 2009 à l'occasion des 40 ans de la maison Rykiel, née en plein Mai 68.
Sonia Rykiel est "un peu la pionnière des mouvements qu'on a appelés conceptuels", déclare-t-il. L'absence d'ourlet, les coutures à l'envers, "c'est un geste conceptuel qui n'existait pas dans la mode des années 70", souligne-t-il.

Reuters
Les modèles créés par les plus grands noms de la mode en hommage à Sonia Rykiel, présentés en octobre lors du défilé Rykiel printemps-été 2009, sont exposés dans la dernière salle, comme un bouquet final. Dont ce manteau (photo), signé Martin Margiela.
Organisée de manière thématique dans un espace agencé comme un appartement haussmannien, l'exposition, ouverte au public à partir de jeudi, rassemble 220 silhouettes de 1968 à nos jours. Des vidéos de défilés, un film de la militante féministe Antoinette Fouque sur Sonia Rykiel, des couvertures de magazines, des fac-similés des carnets de dessin de la créatrice, de somptueuses photos en noir et blanc signées Dominique Issermann permettent aux visiteurs de mieux appréhender son travail et son univers.
Tout ayant commencé par un petit pull moulant les seins qui connut un succès foudroyant, "Sonia Rykiel, exhibition" en présente de nombreux exemplaires des années 60, et d'autres plus récents.

Dominique Issermann
Tailleur et Chapeau, 1980.
Parmi les autres "best-sellers" de l'allure Rykiel, on retrouvera les joggings en éponge, les "joggings du soir" à inscription en paillettes, les pulls à messages strassés ("elle aime", "écrire", "mentir", "le sexe"...) de cette créatrice amoureuse des mots, elle-même auteur de plusieurs livres.
"Nous tous qui avons des vêtements mous, c'est grâce ou à cause de Sonia Rykiel", affirme M. Saillard. Elle est aussi la première à avoir "mélangé les heures", avec des tenues à porter le jour comme le soir, et la première à avoir utilisé la fausse fourrure, ajoute-t-il.
Hommage est également rendu au noir, couleur fétiche de Sonia Rykiel, qui était "une couleur de dame dans les années 50, jamais associée à la mode", rappelle M. Saillard. De manteaux en petites robes et dentelles, Sonia Rykiel en a fait la couleur de la séduction.
Les modèles créés par les plus grands noms de la mode en hommage à Sonia Rykiel, présentés en octobre lors du défilé Rykiel printemps-été 2009, sont exposés dans la dernière salle, comme un bouquet final.
http://www.lexpress.fr/
C’est en mai 1968 que commence l’histoire de la maison Sonia Rykiel, avec l’ouverture de sa première boutique à Saint-Germain-des-Prés. Des petits pulls en tricot de ses débuts jusqu’à ses toutes dernières créations, elle a su s’imposer avec une instantanéité et une intemporalité remarquables, échappant à toute mode.
En 1974, lorsqu’elle décide d’afficher l’envers des vête­ments, Sonia Rykiel anticipe d’une décennie les gestes et les attitudes qui définissent désormais l’histoire de la mode contemporaine.
Elle est pionnière aussi lorsqu’elle utilise le noir qui gaine comme un gant des silhouettes à peine sorties des années pop : des salons aux podiums, le noir signe la modernité de sa maison, bien avant que les créateurs japonais, puis belges, ne s’en emparent.
Ce livre hors normes célèbre les 40 ans de la maison Sonia Rykiel en offrant une véritable bible sur ses créations : saison après saison, collection après collection, chaque vêtement est présenté tel qu’il est apparu au cours des défilés, dans un très long travelling qui met en valeur la permanence des principes, des formes et des motifs.
Il célèbre également Sonia Rykiel en tant que femme et créatrice, notamment à travers les magnifiques et mystérieux portraits qu’ont faits d’elle les photographes Dominique Isserman et Sarah Moon.
Des études sur la figure de Sonia Rykiel et son rôle dans la libération des femmes, sur la transmission générationnelle avec sa fille Nathalie, sur la façon dont elle est perçue à l’étranger, ou encore sur son utilisation fétiche du noir, complètent ce livre de référence.
Auteurs
Sous la direction d’Olivier Saillard, responsable de la programmation aux Arts Décoratifs, musée de la Mode et du Textile, commissaire de nombreuses expositions, en particulier « Christian Lacroix, histoires de mode » (2007), « Jean Paul Gaultier / Régine Chopinot, Le Défilé » (2007) et « Yohji Yamamoto, Juste des vêtements » (2005).
Akiko Fukai, directrice du Kyoto Costume Institute (Japon), est l’auteur de plusieurs livres sur l’histoire de la mode.
Liz Goldwyn, auteur d’une thèse sur la photographie, a participé à la création du département Mode chez Sotheby’s à New York. Icône de la mode aux Etats-Unis, elle a aussi dessiné sa propre collection de bijoux.
Gérard-Georges Lemaire, historien de l’art, critique d’art, traducteur, est entre autres l’auteur du livre Le Noir (Hazan, 2006) et d’ouvrages sur Kafka et Calder.
Aussi rouge que possible..
« Parler de couleur rouge est un pléonasme. Le rouge est la couleur par excellence [...] la première de toutes les couleurs. »
Michel Pastoureau, Dictionnaire des couleurs de notre temps, 1992

La galerie d’études du musée des Arts décoratifs permet de montrer la richesse des œuvres à travers une sélection d’objets. Exclusivement issus des collections, rarement ou jamais exposés, ils illustrent ainsi un sujet pendant 18 mois.
En choisissant une couleur – le rouge -, le thème de ce nouvel accrochage s’ouvre à l’ensemble des collections : arts décoratifs, bijoux, jouets, mode, textile, publicité. Cette présentation permet de montrer avec plus de 400 objets la diversité du fonds et l’importance de cette couleur à travers sa symbolique, son utilisation technique et matérielle. Il s’agit d’évoquer les nombreux domaines où le rouge apparaît de manière incontournable principalement dans notre société et à toutes les époques ; il s’agit aussi de souligner l’infinie variété des rouges : alezan, andrinople, bourgogne, cardinal, carmin, cerise, cramoisi, écarlate, magenta, pourpre, rouille, terra cotta, vermillon et bien d’autres...
La couleur rouge est ambivalente, multiple, effrayante, puissante, majestueuse, luxueuse, érotique, féerique et infernale. Sa force symbolique est aussi liée à ces deux référents principaux que sont le feu et le sang.
Le visiteur n’est pas contraint par un parcours formel, c’est une présentation à plusieurs entrées qui permet de découvrir les facettes du rouge tout à fait librement sur deux niveaux de galeries :
http://www.lesartsdecoratifs.fr/